LE PARAPLUIE
« Mince, ma voiture n’est pas là... Où est-ce que je me suis garée ce matin ? » Mentalement, je retrace ma matinée. Je me suis levée à six heures trente, une douche, mes vêtements, un thé, bon la suite... j’ai déposé les enfants à l’école et puis j’ai pris la direction du centre. Elle doit forcément être là, puisque c’est là que je l’ai laissée ! Je tourne, je vire, je me frotte les yeux. Mais non, il n’y a plus de voiture.
On m’a piqué ma bagnole ! Merde !!! Au bord de l’hystérie, j’ai appelé une copine pour qu’elle me prête sa voiture, j’ai prévenu l’école de mon retard, j’ai téléphoné à mon chéri pour lui expliquer je ne pourrai plus jamais aller le voir dans son bled paumé.
Merde, ma voiture ! Je venais juste de l’acheter ! Toutes mes économies... Pfff... quatre mille euros partis en fumée ! Si seulement mon père s’appelait Nicolas S, il les aurait retrouvés et jetés en prison ces enfoirés...
La mine froissée, je suis allée chercher mes enfants à l’école. Bien sûr ils m’ont demandé où était notre voiture. Alors je leur ai expliqué qu’elle s’était envolée. Mon fils ainé s’est mis à pleurer, de grosses larmes, pleines de malheur. Je ne pensais pas qu’il était autant attaché à cette voiture... C’est bien les mecs ça, vaut mieux perdre sa mère que sa bagnole...
J’ai tenté de le rassurer, on s’en rachètera une, encore plus belle, avec pleins d’accessoires, la climatisation et le poste à cd intégré. Mais les larmes de mon fils ne se sont pas arrêtées. Entre deux sanglots, il a réussi à articuler « parapluie »... « Parapluie ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » « Mon parapluie, je l’ai laissé dans la voiture !!! »
Alors j’ai serré mon fils contre moi, je l’ai laissé déverser sur mon tee-shirt toute sa peine. Et moi je n’ai pas pleuré, pas une larme. Toutes mes économies ne valent pas l’attachement de mon fils pour son parapluie à l’effigie de Winnie l’Ourson.