L'INSTANT D'APRES
Je sais, je t’ai déçu...
Mais finalement, ça ne change pas. Déjà gamin, c’était comme ça. Pas les bonnes manières, pas les bonnes notes. Une silhouette chétive, trop fragile, et puis des mains si fines, presque féminines.
Tu rêvais pour moi d’une vie normale, un boulot respectable, une petite femme, gentille et aimante. Et puis des rires de mioches dans ton jardin le dimanche.
C’est comme ça, celui qui donne la vie a des exigences pour cette vie, des rêves à réaliser, des plans de carrière à atteindre...
L’enfance, elle, ne fait pas de calcul. L’enfance ouvre grand ses bras, elle s’attache sans jugement et rien ne peut la faire renoncer à cet amour. Tu vois, on a tout à apprendre de l’enfance.
Et maintenant ?
Maintenant, il y a ces deux lettres entre nous, deux horribles petites lettres qui nous séparent, qui seules ne voudraient rien dire, mais ensemble ont jeté l’opprobre dans ta maison.
Tu me l’as dit en claquant la porte, je ne suis plus rien, je ne suis plus un homme, je ne suis plus ton fils...
Non, je ne suis plus ton fils puisque je suis un pédé.
Mais toi, toi peu m’importe ce que tu es, ce que tu as fait de ta vie, peu m’importe toutes ces choses sans valeur, parce que toi, pour toujours tu resteras mon père...