LES MOTS QUI TUENT
Des mots, j’en connais une pléthore, des doux, des langoureux, quelques uns goguenards et d’autres cruels. Je les jette amoureusement sur le papier ou rageusement à la figure du con qui s’emploie à me pourrir ma journée. Je les utilise avec désinvolture, je les lance dans l’air comme un jongleur fait tourner ses balles. Quel talent !
Bien sûr cette aisance verbale demande un entraînement drastique. Le soir, avant de m’endormir, je compulse un de mes livres préféré : le dictionnaire. Selon mon humeur, je caresse les pages de Robert ou de Larousse...
Oui chaque soir, j’apprends un nouveau mot. Hier soir, par exemple, j’ai étudié le mot « cacochyme » qui veut dire « d’une constitution débile, d’une santé déficiente ». Pas facile à placer dans une conversation celui-là...
Parfois les mots me manquent, c’est navrant pour quelqu’un qui écrit...
Parfois les mots m’échappent aussi, surtout depuis que je me suis cassé le crâne sur la cuvette des toilettes (je vous raconterai une autre fois...) Oui, parfois, mon cerveau s’embrouille, les mots sortent tous seuls sans que je les aie pensés. Comme cette fois au bureau... C’est terrible les mots. Ou alors, c’était son regard. Lubrique.
Imaginez : J’ouvre la porte de la salle d’attente pour installer un client ventripotent quand celui-ci se retourne prestement sur moi et me demande « les commodités ». Moi surprise par la promptitude de ce volte-face, je lui indique les lieux du doigt, et là, je ne sais pas pourquoi, je me suis entendue lui dire « je vous laisse faire... »
Oui, parfois, les mots m’échappent, mais ce jour là le sens du mot cacochyme ne m’a pas échappé...