BOURREAU
Vous vous imaginez que je fais un métier facile parce que je suis toujours dehors, au milieu des arbres, à parfaire mon bronzage ?!!!! Et bien détrompez-vous !!! Mon métier est super compliqué. Il exige une solide formation (sur le tas en fait), une aptitude physique hors norme (glander au soleil, c’est difficile à vivre...) et un mental à toutes épreuves.
Mon métier ? Et bien en fait, je suis... comment dire... je suis « technicienne de contrôle de la qualité de la cerise sur les étals de vos magasins coefficient N12E48 ». Classe hein ?!!
En quoi consiste mon métier ? Vous ne pouvez pas comprendre... Bon j’essaye quand même, mais pour les néophytes que vous êtes, ce n’est pas simple...
Imaginez un champ le matin, des cueilleurs qui cueillent les cerises sur mes indications « pas roses les cerises hein, mais pas noires non plus. Rouges quoi. Et pas trop petites, ni trop grosses d’ailleurs. Bon démerdez-vous ». Avec ça, moi je suis tranquille pour une heure...
Au bout d’une bonne heure, les cueilleurs viennent vider leur seau sur la table de tri, et c’est là que toutes mes compétences s’exercent. Attention, démonstration : je prends une cerise et je la scrute sous toutes ses coutures. Alors celle-là, pas la bonne couleur : par terre. Celle-là, marquée par les coups : par terre. Celle-ci, trop petite : par terre. Celle-là, éclatée : pfff par terre. Celle-ci : pas de queue (une cerise sans queue, c’est comme... non rien), bon pas de queue : par terre.
Oh mon dieu !!!!!! J’en ai trouvé une bien !!!!! Vite une caisse !!!!
Voilà, je fais un dur métier. Chaque jour, le cœur serré, je sacrifie sur l’autel de la beauté des milliers de cerises qui n’ont pour seul défaut que d’être différentes...