GROUPIE
Ce soir, c’est ma soirée. J’ai placé la télécommande en lieu sûr (ma poche), j’ai décroché le téléphone, envoyé mon chéri je ne sais pas où. Que personne ne me dérange, je suis aux abonnés absents. Ce soir, Zazie passe à la télé, alors n’espérez rien de moi...
Zazie, c’est... Elle est... Comment dire... J’aime sa plume, insolente, écorchée. Son filet de voix, si profond, quelque fois éraillé. J’aime sa beauté, épurée.
Bien sûr, ce n’est pas raisonnable (à mon âge) de courir ses concerts, de me moucher dans la jaquette de ses cd parce que chacune de ses chansons fait mouche. Non bien sûr, ce n’est pas raisonnable... Pourtant, si je pouvais, j’en ferais bien plus. Je me jetterais sous son scooter, je ne me laverais plus pour conserver l’empreinte de sa roue. Je me ferais tatouer ses chansons sur le corps. Made in love. La classe ! Je lirais et relirais Bruno Bettelheim puisqu’elle l’aime. Enfin, j’essaierais.
Moi, pour un café avec Zazie, je donnerais n’importe quoi ! Mes implants mammaires, ma Barbie dépressive, mes premiers poèmes, mon...
- Chérie, je suis rentré.
- Déjà (merdeeeeee !)
- J’ai invité des copains à manger ce soir.
- Quoi ?!!!! Mais tu ne peux pas me faire ça ! Elle passe à la télé ce soir !
- Qui ?
- Zazie, je te l’ai dit dix milliards de fois !!!
- Tu la reverras... De toute façon, je ne sais pas ce que tu lui trouves...
Moi, pour un café avec Zazie, je donnerais n’importe quoi... Tiens lui par exemple, ce type qui vient de rentrer, avec sa mélomanie surannée et ses cd poussiéreux, je le braderais volontiers pour un café avec Zazie.